Le roseau commun envahisseur est exotique : il est originaire d’Europe et a été introduit au Québec au début du 20e siècle. Il existe aussi au Québec du roseau indigène (originaire d’Amérique du Nord), mais il est très peu abondant et n’a pas un caractère aussi envahissant que son cousin européen. Plus de 95 % des populations de roseau que l’on rencontre au Québec sont exotiques.
Le roseau initie de nouvelles populations essentiellement par graines, puis se propage de manière végétative. La grande majorité des nouvelles populations de roseau émerge à partir d’une ou de plusieurs graines. Par la suite, la plante se propage sous le sol grâce à des rhizomes ou sur le sol grâce à des tiges rampantes que l’on nomme stolon. La plante se propage plus rapidement sur sol humide jusqu’à une profondeur d’eau d’environ 1 m, mais elle peut aussi très bien se propager sur sol sec ou dans des profondeurs d’eau pouvant aller jusqu’à 2 m.
Le Ministère des Transports du Québec (MTQ) ne plante pas de roseau en bordure des routes et autoroutes, ni ne propage la plante de façon volontaire. Par contre, les talus et les fossés des routes constituent des habitats idéaux pour la plante, car ils sont humides, ensoleillés et fréquemment perturbés. Ils reçoivent aussi une partie des sels de déglaçage épandus l’hiver, ce qui est favorable au roseau puisque la plante pousse mieux en présence de sel. C’est pourquoi, au Québec, le roseau est si abondant en bordure des routes. Le MTQ est bien au fait du problème et a investi des sommes considérables dans la recherche sur le roseau pour trouver des solutions pour empêcher la plante de se propager davantage.
On peut empêcher le roseau de s’établir en ne créant pas de bons lits de germination pour les graines et en ombrageant les sites susceptibles d’accueillir le roseau. Une fois établi, le roseau est très difficile à déloger. Pour l’empêcher de s’établir, il ne faut pas créer de bons lits de germination pour les graines, donc des surfaces de sol humides et dénudées. S’il est impossible de ne pas créer ces surfaces, il faut alors les recouvrir le plus rapidement possible de végétaux (graminées, arbustes) qui vont faire ombrage et qui vont ainsi empêcher les plantules de s’établir. Créer de l’ombrage est en général une bonne façon d’empêcher le roseau de s’implanter, particulièrement dans les fossés de drainage ou en bordure des cours d’eau, car la plante tolère très peu l’ombre.
Les roselières (massifs de roseau) sont peu diversifiées en végétaux. Jusqu’à un certain seuil, l’effet de leur présence sur les animaux est faible. On trouve très peu de plantes autre que le roseau dans les roselières. Par contre, dans les marais d’eau douce, ces formations végétales accueillent tout de même une bonne diversité de poissons, d’amphibiens et d’oiseaux. Il faut toutefois prendre garde : au Québec, les roselières ne sont pas encore très abondantes dans les marais et il est possible que l’impact de la plante sur la faune se fasse davantage ressentir au cours des prochaines années, au fur et à mesure que la plante prendra de l’expansion.
Les tiges de roseau peuvent parfois s’infiltrer dans l’asphalte ou percer les toiles de piscines hors-terre. Les tiges qui émergent au printemps à partir de rhizomes sont rigides et pointues et peuvent donc, par exemple, percer des toiles de piscine. Le phénomène est peu fréquent, mais il a tout de même été rapporté çà et là dans le sud du Québec.
Dans les cultures conventionnelles (avec herbicides), le roseau ne cause guère de problèmes. En effet, même une plante aussi tenace que le roseau ne résiste pas à des applications répétées d’herbicides comme le glyphosate. Par contre, dans les exploitations agricoles où l’on ne fait pas usage d’herbicide (agriculture biologique), le roseau peut devenir un réel problème, car les autres méthodes de lutte contre les mauvaises herbes sont en général peu efficaces contre cette plante.
Le roseau peut contribuer à la sécurité routière, à l’assainissement des eaux et à la stabilisation des berges. En bordure de certaines routes, le roseau forme d’excellentes trappes qui empêchent la neige d’être soufflée sur la chaussée. Le roseau est aussi un bon agent filtreur pour l’eau, particulièrement en ce qui concerne les polluants azotés. Enfin, il est possible que le réseau que tissent dans le sol les rhizomes de la plante contribue à diminuer l’érosion des berges. Ces avantages sont toutefois contrebalancés par le caractère envahissant de la plante.
La fauche ne peut, à elle seule, éliminer une roselière. Au contraire, une simple fauche va activer la croissance de la plante qui va ensuite pousser en formation encore plus dense. En théorie, des fauches répétées pourraient épuiser les ressources de la plante, mais en pratique, les tentatives qui ont été effectuées n’ont été guère concluantes.
Il existe un seul herbicide homologué au Canada pour usage contre le roseau (le VisionMAXMC). Il s’agit d’un herbicide à base de glyphosate. Son usage est strictement réglementé. Il ne peut être utilisé que dans des aires industrielles, récréatives ou publiques, comme dans des emprises de transport. On ne peut donc pas l’utiliser sur un terrain résidentiel, par exemple. Il est aussi interdit d’en faire usage dans un plan d’eau (fossé de drainage, rivière, lac, marais, etc.).
On pourra en apprendre davantage sur le roseau en consultant les articles ou les rapports du groupe PHRAGMITES disponibles sur ce site internet.
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